• Le garçon et la bête affiche du film

     

    Alors, déjà, si vous n'avez pas vu Le garçon et la bête, foncez le voir ! C'est le dernier film de Mamoru Hosoda, le réalisateur de La Traversée du temps et Les enfants loups (ainsi que le trop peu connu Summer Wars). Je sais, il y a Star Wars, il y a les Huit salopards, il passe pas dans toutes les salles de cinéma... Mais démerdez vous pour le voir, je vous en conjure.

     

    Je ne vous exposerais pas le pourquoi du comment il faut aller voir ce film, tout d'abord parce que ce n'est pas le sujet de cet article, ensuite parce que d'autres l'ont fait bien mieux que moi.

     

     

    C'est bon, vous avez été le voir ? Alors vous pouvez lire cet article, car il contient des SPOILERS !

     

    Le Livre de la jungle, Rudyard Kipling

     

    Le garçon et la bête comparé avec Le livre de la jungle

     

    C'est la première référence qui "m'a" sauté aux yeux (je le mets entre guillemets parce qu'en vrai, c'est une amie à côté de moi qui m'a chuchoté "Ca me fait penser au livre de la jungle !"). Un petit garçon abandonné et élevé par les bêtes... Sans compter l'univers dans lequel le scénario se situe, avec un monde peuplé d'animaux qui parlent... Je comprends un peu mon amie.

    En effet, on peut facilement comparer Kyuta à Mowgli : On va suivre l'histoire d'une jeune garçon qui grandit au milieu des bêtes qui l'élèvent. Chacune d'entre elles a quelque chose à lui apprendre sur la vie et nous sommes en plein cœur d'un récit initiatique. Vous verrez, on va retrouver souvent ce mot au cours de l'article.

    De la même façon, on retrouve certaines thématiques : le rejet (Mowgli doit avoir l'accord du conseil des animaux pour rester, tout comme Kyuta doit avoir l'aval du seigneur), la famille, l'humanité, l'apprentissage...

    Un petit détail également me semble intéressant : Le nom de Kyuta lui est donné par Kumatetsu (l'ours qui le prend pour disciple). Il en va de même pour Mowgli, qui se voit nommer ainsi par les loups qui le recueillent. Dans les deux cas, on peut y voir l'appropriation de l'enfant par leurs nouveaux parents et par ce monde qui leur est étranger.

     Ichirôhiko le garçon et la bêteMais soyons honnête, celui qui fait le plus penser à Mowgli n'est pas vraiment Kyuta mais plutôt son "double", Ichirôhiko, le second humain dans ce monde de bête. Élevé depuis la plus tendre enfance parmi eux, il s'identifie totalement aux bêtes. Or, on peut retrouver ce comportement chez le petit homme de la jungle, qui vient têter auprès des louveteaux (ce qui rappelle qu'Ichirôhiko est parfaitement intégré à sa "famille" et que son "frère" le considère comme une bête et non un humain).

    Un autre élément important est que Kyuta finit par retourner dans le monde des humains par choix. Tandis que Mowgli le fait à contre-coeur sous l'insistance de ses compagnons de la jungle. Ichirôhiko n'est jamais poussé à retourner là d'où il vient, au contraire, on lui laisse croire qu'il deviendra comme les bêtes un jour et est originaire de ce monde... Ichirôhiko, c'est un Mowgli auquel on a jamais avoué qu'il avait été adopté.

     

    Alice au pays des merveilles, Lewis Caroll

     

    Seigneur lapin dans Le garçon et la bête comparé au lapin d'Alice aux pays des merveilles

    Le petit élément qui rappelle immédiatement Alice au pays des merveilles, c'est le seigneur de ce monde qui est un... lapin blanc. Un lapin qui apparait, qui disparait, qui nous mène un peu en bourrique l'air de rien. Les deux sont sages à leur façon. On peut noter les fleurs blanches sur le manteau de Seigneur Lapin, qui vont à contrario des roses rouges de La dame de cœur.

    On retrouve également la même fuite de la réalité par l'enfant, qui préfère au monde contreignant des humains (où on peut sentir une certaine déshumanisation, aussi bien dans les rues de Tokyo bondées et grisâtres que dans les règles de conduites et leçons que doit apprendre Alice) celui du conte de fée, un monde qui semble à la frontière du rêve, clairement dans le merveilleux et surtout, bien plus coloré !

     

    Moby Dick, Herman Melville

    Le garçon et la bête baleine moby dick Ichirôhiko

    Les références à Moby Dick sont plus qu'évidentes, entre Kyuta qui apprend à lire avec cette oeuvre et Ichirôhiko qui se transforme en baleine... Bon, je vous préviens, je n'ai pas lu le roman (Mais je suis bien décidé à le faire maintenant !), alors tout ce que je vous donne là vient de mes recherches personnelles. (Merci Wikipedia)

    Commençons par le commencement : Le personnage principal. Kyuta fuit le monde des hommes à ses 9 ans et rejoint le monde des bêtes. Il en va de même qu'Ismael, le narrateur de Moby Dick, qui est rejeté par ses semblables et cherche à fuir la société humaine, ce qui le pousse à partir à la chasse à la baleine.

    Ensuite, il y a la transformation d'Ichirôhiko en Moby Dick. Il symbolise alors le mal, les ténèbres qui sont en chaque coeur humain. De l'autre côté, Kyuta s'oppose à lui, symbolisant le bien, la résistance à ces ténèbres et la lumière (comme le montre le sabre enflammé qu'il "tient avec son cœur"). On retrouve la même forme de lutte dans le roman de Melville, tout comme les retournements de situations possibles entre le bien et le mal (Ichirôhiko finit par redevenir "gentil", Kyuta tente d'aspirer le mal en lui et se laisse quasiment submergé pendant l'arène).

    On retrouve également la thématique du double comme le souligne le seul personnage féminin (qui en plus est un peu nunuche...) du film. Deux humains venant du monde des bêtes, adolescents en pleine recherche de repères qui peinent à trouver des réponses à une seule et même question : "qui suis-je ?".

     

    Shonen et conte / Film d'animation japonais et Disney

     

    Les références au cinéma sont également nombreuses. Mais soyons honnête, je m'y connais pas assez en cinéma pour m'essayer à les décortiquer. Mais on peut quand même noter une grande opposition : La mélange du conte et du shonen, ou encore du film d'animation japonais et de Disney. Je vais faire une brève liste d'exemples pour tenter de vous convaincre. Je ne dirais rien sur les dessins, puisqu'ils mélangent souvent les deux.

    Du côté du shonen/film d'animation japonais : Les techniques de combats, les personnages essentiellement masculins, notre superbe Moby Dick géante qui vient défoncer toute une ville, le pouvoir offert par le père adoptif de Kyuta, l'adolescence, les références au Livre de la jungle et à Alice au pays des merveilles.

    Du côté du conte/Disney : Le titre, les animaux qui parlent, l'enfance, la thématique de la famille, le merveilleux.

     

    En conclusion : Qu'est ce que ça apporte de plus tout ça ? Quelle réflexion sur la lecture ce film porte ?

     

    En tout premier point, qui me semble évident pour toute personne ayant lu l'article un tout petit peu attentivement : LE RECIT INITIATIQUE. Toutes ces références mettent directement en parallèle Le garçon et la bête avec des récits initiatiques, ce qui renforce la portée symbolique de certains moments et le place directement dans le prolongement de ces œuvres. De plus, on peut noter qu'il s'agit toujours de livres qui peuvent être lus aussi  bien par des enfants que des adultes, ce qui est également le cas de ce film de Mamoru Hosoda.

    On peut également y voir une certaine réflexion sur la lecture et le livre en lui-même. Ren (alias Kyuta) apprend à lire lorsqu'il se tourne vers le mondes des humains. Aussi étrange que cela puisse paraitre, apparemment les bêtes qui sont proches des divinités et d'une plus grande sagesse que les humains ne semblent pas s'intéresser plus que ça à la lecture. On peut se demander si ce n'est pas justement parce que nous, les hommes, nous avons une part d'ombre et que nous sommes aussi émotionnellement instables que nous aimons lire ? Mieux encore, que nous avons besoin de lire ? Notons que Kyuta, qui revient dans le monde des hommes et commence à lire ne cède justement pas aux ténèbres qui l'envahissent. Et cela grâce au marque-page enroulé autour de son poignet que lui a offert son amie.

    Je ne pense pas que cela soit un hasard si c'est un marque-page qui lui permet de surmonter sa colère. Si les bêtes ne lisent pas, c'est tout simplement parce qu'elles n'en ont pas besoin. On peut en arriver à la conclusion que lire nous permet de mieux résister à vos ténèbres intérieurs, à apprendre à les maîtriser comme Kyuta et Kaede.

     

    Je compte donc sur vous pour lire ! Si vous avez apprécié ce film vous aussi, n'hésitez pas à me laisser un petit commentaire pour qu'on en parle ! Si jamais vous avez vu d'autres références littéraires ou que vous voudriez poursuivre ma réflexion, n'hésitez pas non plus.

     

    Votre cigale bien-aimée.

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